Au cours de l’hiver 2004-2005, j’ai suivi la formation OMEGA à l’IFOCAP : 5 semaines de stage à Paris, une semaine à Bruxelles.
A la fin de cette formation, on devait rendre un oral dans lequel on développait un projet en s’appuyant sur ce qu’on avait appris au cours de cette formation.
Le texte qui suit est l’introduction de mon oral en février ou mars 2005.
---Le projet ---
Quand j’observe, en prenant du recul ma vie, je vois une longue période au cours de laquelle j’ai exécuté le projet d’un autre : Projet de mes parents, projet de mes éducateurs… et derrière eux, tirant les ficelles, le projet du Bon Dieu… ou en tout cas, c’est lui que mes éducateurs ont désigné comme étant le concepteur du projet de ma vie.
Évidemment, cette architecture de pensée ouvre la voie à de multiples manipulations dont des personnes généreuses, de bonne foi et bien intentionnées se trouvent être les artisans.
Ainsi j’ai fonctionné quelques décennies selon ce schéma où prévalaient la programmation, la soumission, la servitude.
Le vécu de cette première partie de ma vie a eu pour conséquence de me conduire dans une impasse.
Pour pouvoir survivre, j’ai dû alors commencer à démolir, à déconstruire.
-Au plan professionnel d’abord- mon projet était alors d’éviter la faillite financière en rendant à chaque associé du GAEC dans lequel je travaillais, la responsabilité de ses affaires propres. Avec mon frère, nous avons donc dissous ce GAEC.
A chaque étape d’avancement de ce projet, j’ai eu à cœur d’apporter des solutions viables aux problèmes qui se posaient à chacun des associés et cela a été une réussite.
4 ans plus tard, alors que la restructuration professionnelle commençait à produire des effets positifs, séisme dans une vie familiale bien rangée qui s’est soldé par un divorce à l’aube du troisième millénaire, au mois de février 2000.
Deuxième déconstruction. Alors là, je vais vous faire une confidence, le jour où j’ai dû annoncer à mes enfants que nous allions être séparés (ce jour a été, avec celui où je suis parti de la maison, le plus triste de ma vie), ce jour-là donc, (en ce temps j’écrivais ce que je vivais) j’ai écrit : « J’ai l’impression de vivre la vie d’une autre personne... »
Alors que c’était ma propre vie que je commençais à vivre -parce que en fait je n’étais plus dans le projet de mes parents, ni dans celui de la divinité- ceci pour dire que vivre le projet d’un autre, vivre l’obéissance, la soumission, la programmation arrive à vous faire percevoir des choses qui sont complètement en dehors de la réalité.
S’en est suivi un questionnement religieux éprouvant remettant en cause tout ce que j’avais appris, nouvelle déconstruction, tout à été par terre !
On voudrait le garder ça, on l’a appris quand on était tout petit, on y croyait, c’était notre vie… Tout par terre je vous dis !!!
Et j’en suis arrivé à me dire que le changement, l’échec faisaient bel et bien partie de la vie et que l’essentiel est de réussir ses échecs.
-Le temps du projet-
Alors, le projet, pourquoi ?
Pour faire émerger et renforcer la vie.
On rejoint là le texte de Jonnaert qui va trouver dans la racine étymologique de « projet », le fait « d’être jeté là », le fait d’être présent à la vie, le fait simplement d’exister.
Jonnaert ajoute que le projet contient quelque chose de l’ordre du rêve, de l’espoir, du désir…
Ainsi, la racine de mon projet est la prise de conscience progressive du désir de sortir de la servitude du passé.
Pour moi donc, le projet que je vais mettre en œuvre est un outil de libération et je ne sais pas encore s’il fonctionne.
Évoquant le désir, il me revient un entretien avec ma psy où, parlant de choses et d’autres, j’affirmais que je n’avais pas besoin de la vie, et elle m’a répondu : « et le désir ? » et le désir…
A cette époque, j’avais trouvé cette maxime qui me convenait bien et qui disait : « je suis riche de tout ce dont je n’ai pas besoin »
J’étais assez fier de cette disposition d’esprit jusqu’au jour du mois de novembre dernier (2004 ndlr) où, faisant un test de personnalité sur : ma réussite.com, on m’annonçait, sans me connaître plus que par quelques questions, qu’effectivement je me satisfaisais de peu de choses et que j’avais tendance à m’isoler. J’étais étonné de la pertinence de cette analyse, mais ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’on ajoutait que cette disposition à l’ascétisme n’était en rien une liberté, mais tout simplement la conséquence d’un vécu fait de déception, de frustrations !!!
Bon, j’ai pris ça dans la gueule…
L’analyse décrivait cette attitude comme un comportement compulsif, je ne l’avais pas décidé !
Cette idée, qui me paraissait être la manifestation, l’expression de ma liberté, était en fait une servitude…
H.G.